“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 juin 2011

Conteurs, menteurs

Auteur : Leonard Michaels (1933-2003)

Editions Christian Bourgois
Traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy

Il s'agit d'une anthologie des nouvelles que cet auteur a écrites durant toute sa vie (1933-2003), nouvelles qui l'ont rendu célèbre et pour lesquelles le prix de la fondation Guggenheim, le prix de l'American Academy and Institute of Arts and Letters, le Pushcart Prize et le National Endowment for the Arts lui ont été décernés.
Je mets du temps à lire ce gros livre de presque 600 pages. Le temps passé avec ce bel objet à la magnifique couverture est très agréable, passionnant. J'aime emporter ce volume avec moi, même si je suis à peu près sûre de ne pas avoir la possibilité de lire.
Afin de rendre compte des mentalités, des situations, de la recherche, de la désespérance, de la pauvreté intérieure des personnages, de leurs expériences personnelles et sexuelles, l'auteur ne cesse d'inventer sa langue, son rythme, sa manière d'écrire. A la fois déstabilisant et éblouissant.
Je suis tout juste arrivée dans le dernier quart du livre. Après avoir lu la dernière nouvelle intitulée "Raconte-moi tout", j'ai eu l'envie irrépressible de rédiger cet article afin que vous ayez l'envie de vous procurer cet ouvrage.
En lisant les premières nouvelles du livre, j'ai eu l'impression d'être montée malgré moi dans l'attraction d'une foire. Genre Foire du Trône. Complètement désorientée, à la limite de la nausée parfois. D'ailleurs, l'auteur fait régulièrement mention du vomi dans ses premières nouvelles. Comme je suis quasiment autant sensible à l'évocation qu'à l'odeur, j'ai plusieurs fois relevé la tête.

Je suis maintenant dans les nouvelles de la grande maturité et j'ai l'impression de suivre plus facilement. Le style s'est-il un peu assagi ou ai-je gagné en compétence de lectrice ? Le jeu avec l'ordre chronologique des situations est toujours aussi enthousiasmant. Voilà une écriture qui nous fait toucher l'énergie, la qualité de l'air et des tensions entre les personnages. C'est magnifique.
Voilà un livre que m'a conseillé Ani, elle-même conseillée par le libraire d'une grande surface... Comme quoi, il n'y a pas de lieu impropre à l'art et à la littérature.
Isabelle

PS : Je vous recommande la lecture des sites suivants. Eblouie que j'ai maintes fois été à la lecture, j'ai voulu aller à la rencontre de cet ovni.

http://www.liberation.fr/livres/0101622524-leonard-michaels-dans-le-tourbillon-de-sylvia

http://www.mediapart.fr/node/72486/

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/Comment-te-dire-adieu-_NG_-2010-01-21-571638

http://www.actualitte.com/critiques/conteurs-menteurs-une-anthologie-de-leonard-michaels-787.htm