“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

jeudi 31 mars 2011

Miroirs et fumée

Auteur : Neil Gaiman (10 novembre 1960)

Traduction de l'anglais par Patrick Marcel
Editions J'ai lu

Véritable bric-à-brac, la couverture représente bien ce que m'inspire ce recueil dont je ne sauve que deux nouvelles, trois ou quatre maximum. Pour ces deux fameuses nouvelles dont l'une est à la fin, je me félicite d'avoir eu de la patience avec ce livre offert par ma chère Ani. La première des deux s'occupe d'un écrivain appelé à Hollywood pour y écrire un scénario à partir d'un de ses livres. L'ambiance si artificielle du monde du cinéma est là, sous nos yeux, magnifiquement rendue. J'ai pensé au film The player d'Altman. Et l'on y fait la connaissance d'un être extrêmement attachant. Très très belle nouvelle donc que Le bassin aux poissons et autres contes.

Les mystères du meurtre procure une rencontre improbable, celle des anges au service du Créateur de l'univers. Fascinant, envoûtant, haletant. Un grand plaisir de lecture.
J'aurais tendance à conseiller de ne pas lire les autres, à part Une introduction et... ah !, en cherchant le titre de cette nouvelle, voilà que je tombe sur On peut vous les faire au prix de gros qui n'est pas si mal. Je cherchais La souris. Bon, cela en fait cinq sur trente. Mais au moins deux que je ne suis pas prête d'oublier.
Merci beaucoup, Ani !

Isabelle

Intimités

Auteur : Chantal Pelletier (1949)

Editions Gallimard / Collection Folio

Les livres se suivent et ne se ressemblent pas, mais alors, pas du tout ! Après les tons pastels, l'eau et le nuage, voici quatre nouvelles crues et violentes, quatre nouvelles policières rouges, noires, très rouges, très noires, écrites avec du vin, du sang et du sperme. Des déceptions, des trahisons, des pratiques ordurières.

Chantal Pelletier est venue à Lannion en février dernier, à la faveur d'une soirée "Un temps de poème" menée par Yvon Le Men, dans le cadre de la toute première édition des Hivernales consacrée à la gourmandise. Chantal Pelletier nous a parlé de son rapport à la nourriture et à l'écriture, toutes deux liées à la bouche. C'était passionnant. Yvon Le Men a lu l'un de ses poèmes, bouleversant, extrait de son dernier recueil, Chairs amies. Un autre invité à a lu un extrait de La recherche du temps perdu consacré aux asperges et à leur couleur, à leurs infinies nuances. Quelle soirée sublime !

Ce recueil, l'un des recueils à 2 euros dont on a quelques specimens dans le blog, a faim et soif ! Une écriture tonique, parfois revigorante, parfois écoeurante. Je l'ai beaucoup apprécié.

samedi 12 mars 2011

Les derniers planteurs de fumée

Auteur : Guy Goffette (1947)

Editions Gallimard / Collection Folio

Dans ce recueil d'une infinie délicatesse et d'une infinie beauté, Guy Goffette m'invite à le rejoindre au fond du jardin, dans une caravane gisant là, à moitié abandonnée. Il baptise le refuge idéal, apprivoise les nuages, dialogue avec la mer imaginaire qui vient caresser le talus, rêvasse, prend ce temps que je ne sais prendre.
J'ai eu l'impression presque concrète, quasiment la sensation donc ! que ce poète ouvrait une porte au beau milieu de mon grenier, créant un espace inconnu jusqu'alors, me proposant la quatrième dimension. Un moment magique que je retrouve à chaque fois que je pense à ce livre et aux instants bénis de sa lecture.