Traduit du danois par Suzanne Juul et Bernard Saint-Bonnet
Éditions 10/18
Domaine étranger
Périodiquement, je me délecte d'un petit voyage dans le nord-est du Groenland. J'y vais rendre visite aux types invraisemblables, tendrement racontés par Jørn Riel. Non seulement, la plupart des histoires sont impayables -cocasses, rigolotes, profondes...- mais elles sont narrées avec force détails sur les mimiques, les habitudes, les petites manies, les réparties des uns et des autres, ce qui les rend particulièrement vivantes et leur donnent la force de la vérité humaine, l'épaisseur de l'expérience vécue.
Ce volume est à nouveau un bijou dans lequel on rencontre un gigolo sauvé in extremis des eaux glaciales, Herbert qui crâne, une bouteille de whisky ingurgitée post mortem, une bonne farce faite au Club des Joyeux montagnards, le capitaine Olsen amoureux, Anton qui manque mourir et se retrouve tout d'abord dans les bras de Morphée, Arthur en os mais pas en chair, Valfred en chair mais pas en os, et une bataille digne de celles d'Astérix et Obélix les Gaulois.
Il me semble qu'on y est particulièrement attentif à Anton, le poète, sans doute le double de Jørn Riel. Anton étant un personnage peu mis en valeur dans les autres livres, hormis La circulaire, j'ai eu beaucoup de plaisir à poser mes yeux sur lui. On suit également ce foudre de guerre de Valfred dont voici la représentation par Michel-Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine.
L'incursion des racontars dans le genre du fantastique m'a réjouie.
Enfin, dans ce délicieux style cru et vif, quelle poésie de temps en temps. Les bruyères, le retour du printemps, les lumières... Comme le dit l'auteur, "Ce livre est dédié aux nombreux malheureux qui n'ont pas eu la chances de connaître ce pays unique à temps."
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