Traduction de Susi et Michel Breitman
Editions Robert Laffont
Dino Buzzati est mort le 28 janvier 1972. Nous habiterions Sannois pour encore trois mois, avant notre déménagement à Saint-Leu la Forêt. C'était un vendredi. J'étais en CE1, à l'école sans doute ce jour-là, peut-être penchée sur un livre de lecture.
Miracle de l'écriture et de la littérature qui me permettent de vivre avec Dino les quelques mois qui précèdent son passage de l'autre côté du rideau. Les nouvelles de ce recueil sont autant d'éblouissantes et bouleversantes variations sur la mort, ou plutôt sur la convocation que donne la mort, convocation à laquelle nul ne peut se soustraire. Quel vertige que cette convocation dont on ne connaît ni le lieu ni la date...
J'ai déniché ce livre dans un bac que mes voisines de la librairie Voyelles disposent parfois sur la rue. Difficile pour moi de résister à l'envie d'y fouiner. Comment ne pas prendre ce hasard pour une première alarme, non, pas une alarme, un rappel plutôt. Un rappel que nous sommes de passage, que la vie est brève et qu'il est urgent de ne pas l'encombrer de futilités et de médiocrité. La tâche est rude, sans cesse à reprendre. La vigilance se nourrit de telles rencontres.
J'ai quasiment lu d'une traite ce livre court et magnifique. Le récit de la recherche de la maman est un sommet inoubliable. J'y pense depuis quelques jours avec une grande émotion. La quatrième de couverture le dit mieux que moi : "Derrière l'apparente retenue, l'impassibilité à la fois inquiétante et ironique de ces récits, l'émotion est tangible. On veut bien croire Buzzati lorqu'il déclare que son "régiment" est prêt à partir. Cet "avis de départ" d'un voyageur immobile ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Car là aussi gît l'insondable condition humaine."
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