Traduit de l'anglais (Irlande) par Pierrick Masquart et Gérard Meudal
Préface de Hugo Hamilton
Editions Phébus
Les femmes et des hommes s'enivrent pour oublier qu'ils ne savent pas communiquer, qu'ils n'ont ni les mots, ni l'autorisation, ni le savoir-faire pour parler d'eux, de leurs corps, de leurs sentiments, leurs désirs, leurs doutes et leurs peurs. Faisant office de grand assommoir universel, l'alcool coule, omniprésent.
Deux hommes sont armés de courage. Après la découverte violente que l'un est soldat anglais et que l'autre est un volontaire de l'IRA, ils poursuivent leur relation amoureuse, faisant fi des très forts tabous que celle-ci soulève de tous côtés. Ils tentent de fuir ce pays en proie à une atroce guerre civile. On s'en doute, cette première nouvelle du recueil fit grand bruit lors de sa publication. À l'aune de ce que je perçois de la société corsetée de la fin du XXe siècle, je comprends bien quels énormes pavés elle a jetés dans la mare figée de l'Irlande.
Les collines aux aguets est la meilleure du recueil. Il m'a semblé que petit à petit, la barre baissait et que le style devenait un procédé, un truc. Certaines trivialités sont utilisées pour faire croire qu'on traite des "vrais gens". Paradoxalement, cette expression dénote souvent une certaine condescendance. Nulle condescendance de la part de Joseph O'Connor, mais une complaisance dans un style parfois - souvent - trop familier, trop affadi de dialogues mous. J'ai souvent du mal à supporter ce genre de fausse spontanéité, cachant mal ce qui me semble être une négligence et parfois une absence d'urgence à écrire.
Et pourtant, des urgences vitales à dire et témoigner, il y en a dans ce pays ! Pas enthousiasmée par le style, je l'ai été par l'étude sociologique de l'Irlande des années 80. Quel malaise, quelle misère ! Mary Gordon, dans son article du New York Times du 3/8/2003, voit dans le silence assourdissant la conséquence du mutisme qui frappait, et peut-être frappe encore, la société irlandaise dans son ensemble, sous l'effet d'un sentiment de honte renforcée par le poids de la colonisation anglaise, de la pauvreté ou de l'alcoolisme.
Lisez Joseph O'Connor, lisez, lisez Nuala O'Faolain ! Battons-nous courageusement et sans relâche contre le silence mortifère, les atroces secrets des familles et des sociétés entières.
Vous trouverez ci-dessous des chroniques souvent élogieuses de ce recueil, ainsi que des informations sur l'auteur et l'article de Mary Gordon.
http://www.lecture-ecriture.com/4768-Les-Bons-Chrétiens-Joseph-O'Connor
http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=63905
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_O'Connor
http://www.telerama.fr/livres/muse,73575.php
http://www.nytimes.com/2003/08/03/movies/how-ireland-hid-its-own-dirty-laundry.html?pagewanted=all&src=pm
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire