La (re)lecture de ce livre m'a enfin poussée à regarder sur la carte du monde où était située Hawaï. Oh, surprise ! J'ai découvert qu'il s'agissait non pas d'une île mais d'un immense archipel à cheval sur le Tropique du Cancer, en plein milieu de l'Océan Pacifique.
Jack London s'est rendu à de multiples reprises sur ces îles. Sur les traces de Hermann Melville, il y a cherché les origines, cherché le monde d'avant l'arrivée de l'homme blanc. Quand London débarque en 1907, ce monde rêvé est révolu. L'écrivain-voyageur s'enivre pourtant de ce qui en subsiste avant sa complète disparition. Illuminé par l'amour de ces îles, London se laisse aller dans ses écrits à plus de douceur et plus d'optimisme que dans ses écrits précédents.Enthousiasmée par le recueil de nouvelles Les Tortues de Tasmanie, je me suis sentie encore plus profondément touchée par celui-ci. Il m'a semblé percevoir l'effort sincère et surhumain qu'y accomplit son auteur pour oublier qu'il est inadapté, oublier que les défauts du monde lui pèsent plus qu'à tout autre, oublier sa recherche éperdue et toujours cruellement déçue d'une transcendance, oublier qu'il n'est pas un oiseau, oublier encore qu'une partie de lui est déjà passée de l'autre côté du rideau. A Hawaï, Jack London éprouve un certain repos du corps et de l'âme. Il y est en sursis.
Les nouvelles sont d'inspiration très diverse. Qui accompagnant un vieil homme en lutte avec les grandes pieuvres, qui un détenteur des secrets de sépulture d'une très ancienne famille royale, qui voyant sombrer et ressusciter in extremis un couple "moderne" au terme d'un suspense haletant, qui recueillant la confidence passionnée d'une ancienne jeune fille amoureuse d'un prince flamboyant. Parce qu'il est humaniste, parce qu'il est sensible et qu'il prend des risques, Jack London réussit à nous faire vivre tout près des personnages et ressentir leurs émois. Voilà un auteur qui augmente notre épaisseur humaine, ajoute des personnages à notre cortège et peuple notre néant.
Je suis particulièrement heureuse de la récente réédition des écrits de London. Essayant de ne pas noyer mes chroniques dans les superlatifs, je me sens un peu ligotée. À la relecture, ces lignes me paraissent à la fois un peu artificielles et tièdes. C'est pourtant avec la plus brûlante envie de vous faire lire ce recueil que je termine cette modeste contribution.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hawa%C3%AF
http://www.lexpress.fr/culture/livre/histoires-des-iles_812554.html
http://www.ecrivains-voyageurs.net/lectures/lectures31.htm
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