Auteur : Philippe Forest (1962-)
Éditions Gallimard
Cela fait plusieurs mois que j'ai lu ce livre. Comme je veux le traiter le mieux possible, je repousse sans cesse le moment d'en écrire un article en attendant, pleine d'espoir, l'inspiration exceptionnelle. Je sais ce soir que je ne pourrai vous en dire tout le bien que j'aimerais, que ma pensée et mon écriture ne sont ni assez structurées ni assez fines pour cela.
Qu'on se le dise de suite, Philippe Forest est mon chouchou, et plus que mon chouchou, mon idole littéraire. Depuis que je l'ai entendu présenter son livre "Le siècle des nuages", je suis dans une admiration qui ne fait que grandir.
Une maison qu'on habite plus ou moins à la suite d'une vie bouleversée et un peu errante, désincarnée, fantomatique. La vision indécise d'un chat fuyant dans la pénombre à travers les feuillages au fond du jardin. Le chat est-il un chat ? Comment reconnaitre la forme d'un chat dans la nuit tombante ? À quel moment fait-il nuit ? Comment la nuit tombe-t-elle ?
À partir de ce fait minuscule d'une ombre faisant chat et surgissant dans la noir, l'auteur tire le fil ténu d'un doute permettant de tout interroger, le réel et l'irréel. TOUT et notamment la présence comme l'absence voire la coexistence de la présence et de l'absence, base de la physique quantique. Les questions sont tout à la fois scientifiques -le savant Schrödinger donnant le titre- philosophiques, poétiques, existentielles, psychologiques, historiques, métaphysiques. Tout se répond, et le sens émerge, tantôt habitant les territoires de la raison, tantôt ceux de la sensibilité, tantôt objectif, tantôt subjectif.
La musicienne que je suis se délecte tout particulièrement des sens de la variation et du développement, deux domaines rois de l'écriture musicale. Philippe Forest a un thème. Chapitre après chapitre, il varie ce thème, le tourne, le traite de mille manières, en découvre toutes les facettes, toutes les subtilités. Autre trait d'écriture remarquable, : le sens du développement. Un fait qui serait traité en deux temps trois mouvements par le simple quidam, est servi en majesté, abondamment travaillé, pétri, levé. On a donc et la multiplication des portes d'entrée et l'approfondissement.
Livre après livre, l'écriture de Philippe Forest se rattache d'une manière ou d'une autre à la mort de sa fille et plus encore au deuil ou au renoncement à la vie, à la recherche d'un sens qui tend à se dérober. Dans ce livre jamais voyeur ni complaisant ni narcissique, l'absence-présence de cette enfant donne un texte d'une beauté sublime, d'une poésie et d'une puissance inouïes.
Ah ça oui, pour le coup, on est moins "sommaire", comme dit Mona Ozouf, après avoir traversé cette oeuvre forestière.
Vous pouvez écouter Philippe Forest parler de son livre précédent, "Le Siècle des nuages" grâce au premier lien ci-dessous.
Vous pouvez également voir et écouter Philippe Forest présenter ce dernier roman grâce au dernier lien de cette liste.
http://www.telerama.fr/livre/j-aime-mieux-lire-55-avec-philippe-forest-et-son-siecle-des-nuages,61186.php
http://lalucarnedesecrivains.wordpress.com/essais/analyse-du-livre-%E2%80%A8le-chat-de-schrodinger-de-philippe-forest/
http://www.franceculture.fr/oeuvre-le-chat-de-schroedinger-de-philippe-forest
http://www.telerama.fr/livres/le-chat-de-schrodinger,91333.php
http://www.youtube.com/watch?v=w-_PM8_Ux9k
http://www.dailymotion.com/video/xwfbh2_philippe-forest-le-chat-de-schrodinger_news