Auteur : Bonaventure Des Périers (vers 1500-1544)
Connaissiez-vous cet auteur avant de jeter un oeil sur cet article - ce dont je vous remercie - ? Moi non, avant que son existence et son oeuvre ne me soient révélées par un cours de Licence 3 intitulé "Rire à la Renaissance", cours dont je ne bénéficiais pas dans mon cursus universitaire "à distance"mais que j'étais allée suivre lors d'un passage subreptice à Paris. Il y côtoyait l'immense, le gargantuesque Rabelais. Et bien sûr, puisque je ne le connaissais pas et que - êtes-vous également affligé de cet affreux défaut ? - ce que je ne connais pas est a priori tout d'abord considéré comme secondaire, d'intérêt moindre voire négligeable, j'ai mis un long temps avant d'y porter l'attention qu'il mérite.
Ces fameuses récréations sont de courts textes qui se rient des mille et un défauts des humains. Avec cette sorte de suffisance révélée plus haut, je pourrais y être caricaturée plus d'une fois, y avoir quelques places de choix. On rit, on rit à gorge déployée des situations cocasses, des idées lamentables des uns et des autres, des chausse-trappes dans lesquels nous nous fourvoyons immanquablement, des défauts dans lesquels nous nous vautrons année après année malgré les bonnes résolutions prises chaque 1er janvier :
- Du Procureur qui fit venir une jeune garse du village pour s'en servir : et de son clerc qui la luy essaya.
- De celuy qui acheva l'oreille de l'enfant à la femme de son voisin
- Des trois Soeurs nouvelles espouses, qui respondirent chacune un bon mot à leur mary la premiere nuict de leurs nopces
- D'une dame d'Orleans qui aymoit un escolier, qui faisoit le petit chien à sa porte : et comment le grand chien chassa le petit
Mais il y a bien plus. Outre le don d'observation de l'auteur, outre les délicieuses reprises d'éléments plus anciens ou traditionnels, le lecteur se délecte du don de conteur de Des Périers, de son sens du rythme, des tournures qu'il emploie qui ajoutent beaucoup à l'humour : "Et d'autant qu'il estoit de sa nature indulgent, facile et sans grand soin du fait de sa maison, ses filles avoient assez de liberté de deviser avec les jeunes gentilz hommes : lesquelz communement, ne parlent pas de rencherir le pain, ny encores du gouvernement de la republique."
Enfin on assiste également à des scènes de genre en relation avec telle ou telle profession, telle ou telle province, et à des dialogues savoureux. L'un d'eux met en scène un " docteur qui blasmoit les danses, et [de] la dame qui les soustenoit : et les raisons alleguées de part et d'autre". Et ce n'est pas là la moindre des raisons du régal de la lectrice que je suis.
Bonne année 2017 à tous ! Vive la littérature ! Vive la musique et vive la danse !
http://www.universalis.fr/encyclopedie/bonaventure-des-periers/
https://crm.revues.org/11537
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire