Auteur : Julian Barnes (1946-)
Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin
Éditeur : folio
Auteur : Julian Barnes (1946-)
Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin
Éditeur : folio
Auteur : Blaise Cendrars (1887-1961)
Éditions Gallimard. Collection folio.
C'est grâce à l'attrait toujours renouvelé pour l'Agrégation de Lettres modernes qui ne cesse, année après année, de me faire découvrir des textes et parfois même des auteurs - notamment en Littérature comparée - que j'ai lu ce flamboyant roman, celui d'un surdoué de l'écriture, d'un surdoué de la vie. C'est pourtant un type à qui le traumatisme causé par l'amputation de son bras gauche à cause d'une blessure à la guerre de 14-18 fait brutalement stopper l'écriture malgré de retentissants débuts. Voici donc l'homme foudroyé. Mais cet homme est foudroyé une seconde fois quand il retrouve le chemin du stylo, quand il retrouve l'envie d'écrire, se raconter, défier le soleil (regardez ci-dessous ce flambeur absolu en pleine lumière). L'incipit de ce roman est baigné de cette irradiation solaire, de cette puissance, de cet absolu. Vertigineuse entrée en matière qui m'a enthousiasmée par son rythme, son énergie et sa vitalité.
Le début laisse la place au récit des mille moments uniques de sa vie si dense. Cendrars s'impose comme le jumeau d'Ulysse. Sa curiosité insatiable, sa totale absence de peur, son fol appétit de vivre, d'aimer, de faire l'amour lui permettent de partager avec le lecteur ce que personne d'autre n'aurait pu faire, ce que personne n'aurait eu l'audace crâne de faire. Et puis il y a cette écriture ! Quel style, quel génie des mots et du fil ! Sur les deux photos, celle sur la couverture du livre et celle à la James Dean, l'homme a une cigarette aux lèvres. Cette cigarette est le stylo. L'écrivain est un conteur, un rhapsode. Le texte jaillit de la bouche, trouve le chemin direct, coule, se répand.
S'il convient ici et là de recontextualiser le texte, notamment en ce qui concerne certaines considérations sur les femmes, l'ensemble est grandiose et quelques scènes ne peuvent être oubliées de sitôt.
Il s'agit d'un très grand texte.
https://cielam.univ-amu.fr/malice/articles/re-naissance-demiurge-blaise-cendrars-lhomme-foudroye
Grâce à ce lien, vous aurez accès à un magnifique article du site "En attendant Nadeau" :
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/03/21/cendrars-agregation/
Grâce à ce lien, vous aurez accès à quatre émissions consacrées par France Culture à Blaise Cendrars :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-blaise-cendrars
Auteur : Georges Perec (1936-1982)
Éditeur : Gallimard. Collection L'Imaginaire.
Auteur : Pier Maria Pasinetti (1913-2006) qui aimait à être appelé P. M. Pasinetti
Un personnage éminent qui ne cesse de se montrer dans les cercles du pouvoir politique et religieux fait figure de clown pitoyable au service d'une Idée au-dessus de tout qui évince tout ce qui est humain tandis que le dentiste est présenté dans son quotidien modeste, et, justement, son humble et bouleversante humanité.
La narration utilise deux procédés : la soit-disant réminiscence de faits s'étant déroulés des dizaines d'années auparavant et le point de vue d'un "narrateur omniscient". Il y a là une grande richesse qui peut parfois perdre un peu le lecteur, de la même manière que les incessants allers-retours entre les années vingt et plusieurs moments plus tardifs dont fait partie l'ultime moment fictif d'écriture des souvenirs.
J'ai beaucoup apprécié la tentative de rendre compte des incohérences, des trajets serpentins, revirements, et minuscules pensées, infimes sensations de certains personnages, un peu à la manière de Nathalie Sarraute. Comme toutes les oeuvres importantes, ce livre pose la question de son écriture. Comment rendre compte de l'infinité des choses ? Que la narration doit-elle choisir ?
J'ai été subjuguée par le début, disé-je, et tout à fait bouleversée par la fin. Certains personnages me resteront longtemps en mémoire : Alvise, Giovanna, mais aussi cet autre sage, Edoardo Bialevski qui, après une longue vie qui a traversé les deux guerres partage ce qui lui semble être la quintessence de son parcours : "Pensez-en ce que vous voudrez, le tableau reste celui-ci : dans chaque partie du monde, des anthropoïdes acéphales toujours renouvelés projettent et exécutent de nouveaux carnages. Eh bien moi je dis (...), et cetera : Ohne mich. A blague on both your houses. Qu'ils aillent tous se faire foutre."
Nous sommes en 2023, cette pensée est toujours désespérément d'actualité.
Venise, ville-rêve à dormir debout, est célébrée pour sa musique, son architecture et sa peinture mais ses fous d'amour ont également écrit des oeuvres inoubliables. Michel et moi ne ratons pas une occasion d'aller saluer très amicalement mais aussi avec une certaine émotion Joseph Brodsky, un autre transi qui a écrit ce joyau qu'est Acqua Alta. Et il existe à La Sorbonne Nouvelle un cours intitulé "Le motif vénitien dans la littérature"...
Vous trouverez grâce à ce lien l'article paru dans Le Monde lors de la mort de P. M. Pasinetti :
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2006/08/10/pier-maria-pasinetti_802565_3382.html