Edition : Flammarion
Quel regret d'avoir mis ce chef-d'oeuvre dans la liste 3 ! Quelle frustration ! Je voudrais tant que vous lisiez cette perle. Je crois n'avoir jamais lu une écriture aussi construite, aussi millimétrée, aussi concise, aussi chirurgicale, aussi dense et forte. Il m'a fallu lire et relire pour arriver à pénétrer l'intelligence de cette écriture et ne pas être laissée de côté après avoir zappé une phrase. Cette écriture ne supporte en effet aucune seconde d'inattention. Mais j'ai également lu et relu pour profiter et profiter encore du plaisir immense de cet art littéraire immense.
Je me suis sentie plus vivante à la fin de chacune des nouvelles, vivante et grave. Et souvent terriblement émue. De grâce, mettez cette oeuvre dans votre liste prioritaire !
Isabelle
PS : Je profite de l'occasion pour recopier ces mots d'un universitaire à propos de la définition d'un nouvelliste :
- […] ici la brièveté, la concision et l’esprit qu’il met à présenter un scénario en vue de sa pointe finale. L’art du novelliste au contraire fait la part belle à l’écrivain puisque ce qui importe est désormais moins l’histoire que la manière de la raconter. — (Alain Montandon, L’Anecdote, page 221, 1991, Presses Univ. Blaise Pascal)
http://aperto.libro.over-blog.com/article-annie-saumont-la-guerre-est-declaree-et-autres-nouvelles-63670921.html
http://www.babelio.com/auteur/Annie-Saumont/3950
http://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Saumont
D’abord, une critique formelle, inutile par essence mais, bon, tout le monde à droit à sa minute « je sais tout ». On sent qu’Annie Saumont, de part son activité de traductrice, est habituée à tester des solutions de style pour rendre justice à différent auteurs. Du coup, certaines de ses expériences font mouche, d’autres sont plus factices? Sur la forme, bien sûr, parce que sur le fond, c’est autre chose. Le recueil m’a saisi dans ma stupéfaction perpétuelle par rapport à l’état de guerre. Je me prends souvent à penser (bêtement), que quand j’aurai quarante ans, âge où mon arrière grand-père fut jadis mobilisé pour la Première, je serai bientôt dispensé de faire la guerre, et qu’alors, j’aurai eu de la chance. La casuistique personnelle, quand tout est déréglé, devient insurmontable : que dois-je faire maintenant ? Suis-je coupable de ma dénonciation involontaire ? Quel parti prendre pour répondre à la violence, à l’arbitraire, la violence et l’arbitraire ? Il se trouve que dans l’édition dans laquelle je lis l’auteur, se trouve le poême d’Aragon au sujet de « l’affiche rouge » : je pleure chaque fois que je le lis, c’est impossible pour moi de faire autrement. « Toi qui va demeurer dans la beauté des choses ». Ce toi, c’est nous en quelque sorte, qui vivons dans la relative beauté d’un pays où les fusils ne fleurissent plus, et où l’on ne meurt pas avant le temps. Annie Saumont me parle de la Deuxième sur un plan historique semblable au mien, des questions d’aujourd’hui sur une histoire d’avant-hier.
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