“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 août 2012

Sept histoires qui reviennent de loin

Auteur : Jean-Christophe Rufin (1952-)

Editions Gallimard.


Comment interpréter le double sens du titre ? Facile, me direz-vous, ces histoires viennent de contrées lointaines. Ont-elles d'autre part failli ne jamais être publiées ? De mon côté, je n'en aurais sauvé que deux, situées au milieu du recueil. Celle qui revient d'où l'on ne revient pas, la mort. Et celle qui revient d'Afrique et du passé. Contrairement aux autres, ces deux nouvelles ne m'ont pas paru artificielles, surfaites, pesantes, anecdotiques, voire mal écrites.
Jean-Christophe Rufin est médecin. La nouvelle de l'interne qui doit aller constater la mort d'un quidam est troublante d'authenticité et son écriture sonne tellement juste. J'ai cru passer une nuit face à ce mystère de la mort d'un inconnu, pauvre hère échoué là, dans l'anonymat d'un hôpital parisien. La suivante m'a touchée par la simplicité du récit d'un homme tentant de retrouver son premier amour. Un homme qui fut orgueilleux, inconscient, léger. Un homme qui nous ressemble tant.
Mais dans les autres, j'ai déploré une écriture éloignée des sujets, pas assez travaillée, et même qui m'a semblé un peu dédaigneuse. J'en ai conçu une sorte d'irritation envers son auteur. Serait-il dans ce recueil un monsieur arrivé, un monsieur auréolé du prix Goncourt et glorifié ou figé par l'Académie française ? Ma libraire qui a lu le dernier livre de Rufin consacré à Jacques Coeur m'a persuadée du contraire.
Quoi qu'il en soit, il reste que cinq de ces nouvelles manquent de la nécessité vitale de l'écriture.

Dans le genre si différent du polar, j'ai aimé le voyage, j'ai aimé la puissance évocatrice de Jean-Bernard Pouy sur Dieppe et le Cotentin dans son livre La petite écuyère a cafté. Ce livre m'a emmenée bien plus loin que les nouvelles de Rufin et il m'en est resté beaucoup plus d'impressions, d'images indélébiles et de plaisir du dépaysement. L'ailleurs et l'étrange sont décidément tout près.

http://www.evene.fr/celebre/biographie/jean-christophe-ruffin-926163.php

http://www.lefigaro.fr/livres/2011/05/05/03005-20110505ARTFIG00584-jean-christophe-rufin-histoires-de-failles.php

http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv440