“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

samedi 31 décembre 2022

Les sacrifices de Nari

Auteur : Ylanë Maÿvis

Traduction de Nicolas Jolie

Tout juste publié, à compte d'auteur, sur .... Amazon... (chut !)

Je vous propose ici de la lecture facile, de la lecture délassante. 

Nicolas Jolie se présente comme le traducteur du travail d’Ylanë Maÿvis, mais celle-ci sort tout droit de l’esprit du premier. On a déjà vu ce genre de stratagème...

Je suis tombée sur ce joli petit contre philosophique lors de l’un de mes vagabondages sur internet, que je crois libres, mais qui sont en fait téléguidés par des algorithmes et ceux qui les possèdent.
Ce conte est joli par son contenu, et le mouvement qui en anime la narration. Ce conte s’adresse à tous ceux qui aimeraient que le monde soit plus beau, et se demandent pourquoi et comment nous persévérons dans son enlaidissement. Ce conte est original, on y trouve de la finesse.
Par contre, l’enveloppe du conte, son style, bien que faisant preuve d’humour, et d’invention (création de mots et d’objets technologiques intéressants, titres aux chapitres), n’en est qu’aux balbutiements de sa personnalité (une personnalité portée sur le ton sarcastique).
Dépasser sans hésiter le début un peu laborieux. 

Critique d'Ani (merci, Ani !)

J'ai trouvé cette image : 

Les sacrifices de Nari par Maÿvis





vendredi 30 décembre 2022

Le Pain des rêves

 Auteur : Louis Guilloux (1899-1980)




De Louis Guilloux, j'avais déjà lu l'incandescent, l'explosif, le sombre-sombre et sombrement révolté Le Sang noir qui, plus de 13 ans après cette expérience, réussit l'exploit de maintenir intacte l'impression de vif-argent, de décharge électrique. De façon très différente, opposée même, ce roman est également inoubliable. L'auteur y recourt à un autre élément de sa biographie, celui de son enfance misérable dans un Saint-Brieuc miséreux. Évoluant dans la cour des crève-la-faim, la première partie met le personnage du grand-père au premier plan, un personnage qui ne quittera plus votre mémoire. Aux antipodes, une belle-soeur (est-ce une cousine ?), une femme qui veut être du monde, un personne fantasque, fascinante et irritante, sillonne la deuxième partie qu'elle illumine et fait pétarader par ses lubies, excentricités, décisions et caprices. Au milieu de la cour des miracles puis de l'appartement en hauteur, le petit garçon grandit, avec ses yeux rêveurs, son intelligence et sa sensibilité à pleurer. On traverse tout, le déchirement de la pauvreté et de son injustice à hurler, l'exaltation de l'amour, la fébrilité du défilé, le délire du spectacle dans la salle des fêtes municipale. Mon Dieu, mon Dieu, quelle tendresse, quelle joie malgré la difficulté quotidienne, et quelle écriture, quelle écriture, quelle écriture ! 
Mona Ozouf évoque avec autant de pudeur que d'admiration Louis Guilloux dans son merveilleux Composition française. Malgré tout, on ne parle pas assez de Louis Guilloux et on ne lit pas assez Louis Guilloux. Lisez Louis Guilloux, lisez Louis Guilloux.


Grâce à ce lien, vous pourrez (ré)entendre la masterclass de Mona Ozouf justement, dont j'espère que vous avez lu Composition française.

Grâce à ce lien, vous pourrez (ré)entendre l'émission consacrée à Louis Guilloux en novembre 2022 :

Voici une autre émission consacrée à l'écrivain, sur France Inter :

Mathieu Garigou-Lagrange a consacré toute une série de son émission "La compagnie des auteurs" à Louis Guilloux en septembre 2017. Voici le lien : 


Louis Guilloux - ©Succession Louis Guilloux