“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

mardi 26 novembre 2013

Fugitives

Auteur : Alice Munro (1931-)     Prix Nobel de littérature 2013

Traduction de Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
Éditions de L'Olivier


Ma faible connaissance de la littérature anglo-saxonne m’a fait passer à côté des écrits d’Alice Munro pendant plus de 20 ans. Heureusement l’argent de la dynamite est venu la récompenser cette année pour, comme on dit, l’ensemble de son œuvre et j’ai pu compenser mon ignorance par mon panurgisme littéraire habituel.

Au petit bonheur des étalages, dans le déballage qui suit un Prix, j’ai  acheté Les Lunes de Jupiter (pour le titre évidemment)  et Les Fugitives (je l’avoue, pour le titre aussi). Un peu déçu par le premier mais curieux de savoir pourquoi les Suédois l’avaient distinguée, j’ai attaqué le second et là je confirme ! C’est de la bonne nouvelle.
Comme pour le commentaire j’ai perdu l’habitude, je vous le remplace par une contraction des textes que j’ai lus (...et copiés) chez les critiques. C’est peu glorieux mais beaucoup mieux dit.
« Chez Alice Munro, canadienne anglophone, un mensonge peut toujours en cacher un autre, une histoire peut toujours en cacher une autre. Comme il y a tant à décortiquer, tant à écrire sur les touts et les riens du genre humain, elle a fait le choix du texte court, de la nouvelle.  Défiant l'art de la narration et empruntant des circonvolutions en guise de construction, elle mêle passé et présent, héros et seconds rôles, et chute là où elle le désire, sur un silence, un vacillement, une autre histoire.

Fugitives compile huit histoires de fuite. Mais fuir ne signifie pas pour autant partir, quitter famille, boulot, prendre la route. Fuir, pour Alice Munro, c'est aussi - surtout ? - se mentir, mentir aux autres, abdiquer, renoncer. Vouloir s'échapper ne serait-ce qu'un peu, et capituler. Les coups du destin se superposent aux blessures familiales, aux relents mensongers. Ne restent que des cicatrices indélébiles, et des espoirs trop ténus pour prendre chair. Ses fugitives sont donc du genre féminin, vieilles ou jeunes, teintées de gris ou endimanchées de robes blanches, ce qui ne fait pas d'Alice Munro une quelconque féministe,                          
Couronnée par de nombreux prix au cours de sa carrière, Alice Munro est l'auteur de quatorze recueils de nouvelles caractérisées par la présence d'un narrateur extérieur qui explique le sens des événements. Elles se situent dans la campagne de l'Ontario, dépeinte avec une extrême minutie. »  





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