“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

mercredi 9 juillet 2014

Le grand Coeur

Auteur : Jean-Christophe Rufin (1952-)

Éditions Gallimard. Collection Folio.


S'attachant à un personnage historique fascinant, personnage qui a vu le basculement du Moyen Age vers la Renaissance et a vécu le passage de la France qui touche le fond en 1430 vers celle de 1460 qui entame courageusement son redressement, ce livre nous fait coller à son intimité. Natif de Bourges, Rufin parait beaucoup aimer ce Jacques Coeur. Cette complicité donne une vie et une véritable chaleur au propos.
Très documenté, le récit nous fait également approcher au plus près le roi Charles VII, ses conseillers, son peintre Jean Fouquet et sa maîtresse Agnès Sorel. Ce retour en arrière est un privilège pour le lecteur qui se trouve installé aux premières loges d'événements décisifs.

J'ai beaucoup apprécié le soin pris par l'auteur pour nous faire ressentir l'évolution de la société et des idées de même que le rythme imprimé au récit. Alors que l'on connait la fin, on est pris par la manière de conter de Jacques Coeur, enfin, de Rufin… Alors que l'on sait tout de sa descente aux enfers, de son discrédit auprès du roi, on se prend à espérer un pli inconnu de l'espace-temps qui nous aurait abusé.

J'ai dévoré le livre comme un roman d'aventure. Et c'en est un, vraiment, qui dévoile l'ascension prodigieuse de ce fils de pelletier devenu grand argentier du roi et financier de génie. Cependant, vers les deux tiers du livre, j'ai été un peu lassée de l'écriture de Rufin qui m'a semblé un peu..., comment dire, non pas machinale, mais déroulée selon ce qui m'a paru être un système, un procédé.

Alors que la première page m'a irritée avec quelques comparaisons artificielles, oiseuses, le livre se lit très bien et il est même passionnant. Mais j'ai à la longue ressenti un petit quelque chose qui n'est pas de l'ordre de l'urgence à écrire, un petit quelque chose qui me semble sentir sa position, son académisme, son statut d'écrivain aimé des rubans, -sa posture ?

Malgré le manque de travail réel sur le style, malgré mes petites réserves qui pourront sembler un peu snobinardes, voici un livre que je recommande chaudement pour toutes les bonnes raisons évoquées plus haut.

Isabelle


http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Christophe_Rufin

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-christophe-rufin

http://www.telerama.fr/livres/le-grand-coeur,84849.php

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Le-grand-Coeur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire