“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 14 novembre 2010

Les Thibault

Auteur : Roger Martin du Gard (1881-1958)

Trois tomes
Editions Folio

Le premier roman-fleuve que notre blog soumet à votre choix est cette magnifique fresque des Thibault écrite par Roger Martin du Gard (1881-1957) qui a reçu le Prix Nobel de littérature en 1937. J'ai dévoré les trois tomes il y a environ trente ans, à une période ma vie où il fallait absolument que je lise des bouquins sur les deux guerres mondiales, que je m'approche au plus près de mes ancêtres. En fait, c'est moi qui fus dévorée, retournée comme une crêpe par ce chef-d'oeuvre de la littérature. Je l'ai relu il y a quelques années et l'éblouissement a de nouveau été total, profond, violent. Jacques et Antoine sont devenus mes cousins, mes frères décimés. Il m'a semblé vivre chaque scène dans ma chair, tant ce livre est vrai dans son témoignage historique et psychologique. Quelle émotion ! Quelle expérience !

Nous sommes aujourd'hui le dimanche 14 novembre, à la fin d'un long week-end qui a débuté avec le 11 novembre. Plus le temps passe, plus ces morts sont proches, le grand-père blessé de Michel, décoré de la bataille de Verdun, Edmond le frère de ma grand-mère Thérèse, mort le 13 août 1918, et les cinq frères Guyomard dont l'histoire a été relatée dans l'édition du Trégor de cette semaine et dont les trois soeurs sont en vain venues à la sous-préfecture de Lannion pour essayer de sauver le 5e, seul fragile et ponctuel survivant de la boucherie.
Les trois tomes des Thibault ne nous plongent pas dans les tranchées. Ils suivent la trajectoire de deux frères que tout oppose à partir de l'adolescence du plus jeune, Jacques. Ils nous plongent dans leur vie écourtée, nous font espérer de leurs espoirs, aimer avec leurs amours, nous révolter par leurs révoltes, pleurer les larmes de leurs pleurs.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Martin_du_Gard

http://www.evene.fr/celebre/biographie/roger-martin-du-gard-701.php

http://www.fichesdelecture.com/auteur/biographie/379-roger-martin-du-gard/

http://www.alalettre.com/martin-du-gard-oeuvres-les-thibault.php

http://www.fabula.org/colloques/document737.php

http://lalignedeforce.wordpress.com/2012/04/16/un-roman-les-thibault-de-roger-martin-du-gard-2/

4 commentaires:

  1. Je ne résiste pas à l'envie de recopier de suite un commentaire trouvé sur la toile lors des recherches effectuées pour ce roman-fleuve :
    "Un des grands romans du XXeme siecle, une analyse psychologique profonde. Un milieu minutieusement décrit et une histoire qui vous entraine à lire après minuit. C'est ma seconde lecture, et je trouve Les Thibault aussi envoutant qu'il y a trente ans."

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  2. Je ne me souviens pas d'avoir autant relu plusieurs des phrases d'un bouquin. Non pas parce que je ne les comprenais pas bande de coquins - bien que je ne cache pas que cela me soit arrivé avec La montagne magique de Thomas Mann... - mais simplement pour "déguster"... Quel talent.

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  3. Il y a quarante ans, j’avais fait une première approche ratée des Thibault. Les premiers chapitres m’avaient copieusement ennuyé et j’avais renoncé à poursuivre plus loin. Jusqu’à cet été ce roman et son auteur représentait pour moi la quintessence de l’académisme français rasoir et inutile.
    Et voilà que, touché par la force de conviction de notre cercle littéraire (en particulier d’Isabelle et Michel), je viens à Canossa avouer que pendant près d’un demi-siècle je suis resté buté à côté d’un chef d’œuvre. Mais mieux vaut tard que jamais et j’ai rattrapé le temps perdu comme dirait Marcel.
    Comme tout nouveau converti, je serai donc sans doute excessif mais je dois dire que j’ai été saisi par la force du récit, la puissance des personnages et l’intensité dramatique de leur vie. Et puis il y a le style, la merveilleuse précision des mots et le balancement harmonieux des phrases. Ah ! La belle langue que la nôtre quand elle s’exprime sous une telle plume.
    Pour rester quand même un peu objectif, il me faut critiquer les passages interminables sur le milieu révolutionnaire et les descriptions rasantes des mouvements browniens de Jacques dans Paris à la veille de la déclaration de guerre. Notre grand Roger a du faire sensation en faisant découvrir ce milieu et ses théories à un public bourgeois et en ravivant le souvenir si proche de ces journées si lourdes de conséquences, mais avec le recul on se dit qu’il aurait pu faire un peu plus court…
    Mais je lui pardonne et je resterai désormais pour toujours un martinogardolâtre irréductible.

    PS : je ne lirai pas le reste de son œuvre, j’ai trop peur d’être déçu.

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  4. Cher Jean, quel plaisir que de te lire et découvrir des mots néosillesques (cela signifie nouvellement inventés par Jean Silly. NDLR). Martinogardolâtre est un sommet du genre ! Très heureuse je suis d'avoir assez loué cette oeuvre pour donner envie de réouvrir le volume. Vivement que l'on se retrouve pour discuter de tout cela !
    Isabelle

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