“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

mercredi 31 août 2011

Impasse des deux palais / Le Palais du désir / Le Jardin du passé

Auteur : Naguib Mahfouz (1911-2008)
Prix Nobel de littérature en 1988

Traduit de l'arabe par Philippe Vigreux
Editions Le Livre de poche

Je n'ai pas encore lu ces trois volumes et me sert des quatrièmes de couverture pour vous présenter ce trio.
C'est dans les rues du Caire que Naguib Mahfouz, le "Zola du Nil", a promené son miroir et capté toutes les facettes d'une société égyptienne en pleine évolution. Trilogie sur l'Egypte à la fin de la période britannique. L'auteur nous fait vivre dans l'intimité d'une famille bourgeoise musulmane du Caire. Dimension politique : "nationalisme vibrant" plus "réformisme social" Les deux premiers tomes couvrent la période 1920-1935. Le troisième traite de l'effort final de l'Egypte pour se dégager de la tutelle britannique, entre 1936 et les lendemains de la Seconde Guerre mondiale.

Une belle critique se cache sur le lien suivant :

On trouve une belle présentation de cette trilogie dans le blog suivant. Il faut chercher à Littérature du Maghreb.
http://passiondeslivres.over-blog.com/categorie-221838.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Naguib_Mahfouz

2 commentaires:

  1. Oserais-je dire que je vois dans ce roman un peu de la même veine que dans celle de « Quatre générations sous le même toit » ? Même unité de lieu, la maison, même poids de la tradition, même respect de la famille et du père (même si celui de Pékin est plus sympathique que celui du Caire !) et même utilisation d’un arrière- plan historique pour peindre le décor.
    Le premier volume (je n’ai lu que celui-là) nous dévoile la vie cairote au début du vingtième siècle et m’a fait découvrir des circonstances historiques que j’ignorais, comme dans le roman de Lao She. Le personnage central est le « Père » omnipotent, craint, tyrannique, buté, égoïste, menant double vie…bref un sale type avec quelques rares fulgurances de conscience. Central parce qu’il conditionne le jeu de tous les autres personnages dont la vie est contrainte par lui et qui ont construit leur complicité et leur relation grâce à/malgré sa tyrannie.
    Au début, la lecture est fastidieuse, car on se lasse de l’accumulation des détails domestiques et de l’absence totale d’action, le tout dans le cadre oppressant de la condition quasi carcérale des femmes. Et puis, petit à petit, on se laisse entrainer dans la riche vie intérieure de chaque individu, leur grande pudeur, leurs introspections et l’anticipation des pensées des autres.
    L’écriture est belle et agréable, quasi martinodugardienne voire proustienne parfois. Richesse des adjectifs, précision des mots, emploi du passé simple…du grand classique. On peut se demander d’ailleurs si l’édition française est seulement la simple traduction d’un très beau texte en arabe ou si le traducteur ne serait pas lui-même un grand écrivain ignoré.

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  2. J'adhère tout à fait au commentaire précédent qui analyse remarquablement cette oeuvre, j'y ajoute mes modestes remarques. Lorsqu’on pense à l’Egypte, on pense aux pyramides et aux pharaons, quoi de plus normal ! On sait aussi que Le Caire est devenu une mégapole grouillante de monde, on pense à Sœur Emmanuelle et à ses chiffonniers. Naguib Mahfouz nous ouvre les portes de la maison d’un riche commerçant dont la femme et les enfants sont les héros qui rient, travaillent, aiment et souffrent au début du XX siècle dans un quartier populaire du Caire. A la lecture de ce récit, On comprend mieux comment et pourquoi les femmes subissent les traditions et font en sorte qu’elles se perpétuent dans les générations suivantes, pourquoi naturellement les hommes y sont très attachés (de quels privilèges ne jouissent-ils pas ?). On vit la naissance de l’indépendance de l’Egypte, on y perçoit le rôle des écoles coraniques. C’est une mine de réflexions sur le rôle de l’homme et celui de la femme dans un couple, sur l’éducation des enfants à travers des personnages attachants et pittoresques. Lecture à ne pas manquer, la réputation de Naguib Mahfouz n’est pas usurpée. J’ai déjà emprunté les volumes suivants à la bibliothèque de Dijon…

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