“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

mardi 30 août 2011

Le déclin de l'empire Whiting

Auteur : Richard Russo (15 juillet 1949)

Traduit de l'américain par Jean-Luc Piningre
Editions 10/18

Roman-fleuve, ce livre l'est à double titre. Par la définition que nous en fîmes, à savoir une oeuvre d'une longueur certaine portant sur au moins deux générations de personnes ou sur au moins deux âges de la vie d'un des personnages, mais aussi par la situation géographique de la petite ville d'Empire Falls de part et d'autre du fleuve Knox dans l'état du Maine.
Après avoir été florissante, la cité d'Empire Falls décline inexorablement, entrainant dans sa chute -voire dans ses chutes, car il semble que l'auteur affectionne les correspondances et les symboles- l'ensemble de ses habitants.


Il m'a semblé que cette oeuvre était trop ambitieuse. Trop de desseins, trop de pistes. D'où une certaine fragilisation de la structure et une perte d'énergie vitale. Richard Russo brosse d'une part un tableau sociologique de la ville et de son évolution depuis la fermeture des usines. Il s'emploie d'autre part à suivre le parcours personnel d'une multitude de personnages, fouillant le passé et les ressorts psychologiques de chacun, Miles tout d'abord, figure centrale autour de laquelle est bâti le récit, sa fille Tick, son ex future-femme Janine, son frère David, son amour de toujours Charlène, sa mère Grâce, son père Max, l'insupportable et caricaturale Madame Whiting, figure dominante et tyrannique, Cindy, la fille de cette dernière, Charles, son mari, mais encore les copains de Miles, ceux de Tick et certains de leurs parents, les deux prêtres, que sais-je... la liste n'étant pas finie ! Enfin, le livre est également la trop lente découverte de l'histoire d'amour entre Grâce et Charles Mayne.
Cette triple cible aboutit à une oeuvre multicéphale qui s'essouffle dans trois directions concurrentes, paralysant la vigueur du magnifique et très prometteur prologue. Les personnages ne semblent de plus pas pouvoir évoluer, coincés dans un schéma immuable, ce qui ajoute au poids des fréquents flash-back et du tonnage trop conséquent déjà évoqué. Le tonus manquant ne viendra pas de la chute gentiment happy.
Il reste que le livre est un fascinant portrait de l'Amérique profonde des semaines précédant le 11 septembre. Une Amérique cruelle qui exclut et qui tue au hasard.
Immense succès aux Etats-Unis auprès du public comme de la critique, élu Roman de l'année par le magazine Time, ce livre a reçu le prix Pulitzer en 2002.

On trouve des critiques intéressantes sur le site ci-dessous :

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