“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 16 janvier 2011

Quatre générations sous un même toit

Auteur : Lao She (1899-1966)

Traduit du chinois par Jing-Yi--Xiao
Éditions du Mercure de France
Collection Folio

Ce n'est que parce que j'ai acheté au prix fort la moitié du CRF de Michel (Crédit Roman-Fleuve, appellation d'origine contrôlée par Jérôme) que je peux vous proposer ce troisième ouvrage. Encouragée tout d'abord par le merveilleux commentaire de Christophe à propos du recueil de nouvelles de ce même auteur (L'homme qui ne mentait jamais), encouragée ensuite par le hasard qui m'a fait découvrir ce livre dans une librairie de Chartres en novembre dernier, encouragée enfin par la lecture de la 4e de couverture mentionnant expressément le terme de roman-fleuve, il m'a semblé que cet ouvrage se devait d'être en lice.

Comme je n'ai pas encore lu le premier de ces trois tomes, voici la présentation que l'on peut découvrir au dos du premier des pavés :

Comme l'indique le titre, Quatre générations sous un même toit est d'abord une histoire de famille. Le roman s'ouvre sur l'anniversaire du vieux Qi, le patriarche, dans l'une des cours du Petit-Bercail à Pékin. Il est fier que sa longévité lui permette de connaître jusqu'à ses arrières petits-enfants. Sa seule crainte est que la célébration de cet anniversaire soit compromise par le début de la guerre avec les Japonais.
Par ses nombreux personnages, le roman trouve son unité dans la succession des différentes générations et dans la dimension historique qui vient menacer leur stabilité. Mais les "conflits" qui sont au cœur de l'œuvre, n'opposent pas seulement entre eux les divers membres de la famille, ils opposent aussi le groupe familial à la patrie, et Pékin au reste de la Chine. Ainsi Pékin devient-il le sujet principal du roman.
Écrit entre 1942 et 1944, Quatre générations sous un même toit est un roman-fleuve d'un réalisme tout à fait original pour l'époque et une fresque incroyablement vivante où Lao She dévoile les événements avec colère et passion.

1 commentaire:

  1. Ai-je hésité avant de me lancer dans la lecture de ces 1840 pages imprimées petit ? La réponse est oui ! D’ailleurs je n’ai acheté que le tome 1 pour commencer…
    J’aime la littérature chinoise, mais là, devant une telle masse de mots pour « dix ans de vie sous le même toit » j’ai craint ! Et pourtant, rapidement, on est pris. Avec la curiosité historique stimulée pour bien comprendre ce qui se passe à l’extérieur de la maison familiale et la curiosité géographique excitée pour bien mémoriser le plan de Pékin et suivre les pérégrinations des personnages. Wikipédia et Google- Earth, passages obligés pour se mettre dans l’ambiance.
    Résumer ? Impossible. Alors que dire aux futurs lecteurs ?
    On devient soi-même peu à peu un membre de cette belle famille. On se prend d’affection pour le grand-père pivot de leur destin. On se prend d’admiration pour le fils aîné, chef de famille dévoué, qui met son devoir au-dessus de sa propre vie et pour sa femme, esclave ménagère qui n’a pas voix à la décision mais qui mène la maison à sa main. Et puis on devient aussi rapidement, et sans beaucoup d’effort d’imagination, un habitant de l’Impasse du Petit Bercail, sorte de village dans la ville, où vit la famille Qi entourée de ses voisins, bons et mauvais, autour de la petite place arborée.
    Ce qui tient en haleine ? La vie intérieure des personnages, leur incroyable sens de la politesse (obligée) et du respect de la « face », l’hospitalité due et rendue même aux ennemis, le poids des vicissitudes de la Chine envahie, la capacité de survie dans l’héroïsme quotidien face aux japonais et aux collaborateurs. Le tout fait une fresque fascinante des pékinois et de leurs traditions.
    Et puis, ça se termine bien !

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