“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

samedi 7 janvier 2012

Retour à Killybegs


Auteur : Sorj CHALANDON (1952-)

Edition Grasset.– août 2011 – 336 pages

J'adore trainer dans notre petite bibliothèque, pour choisir un livre.
Celui-ci m'a fait un triple clin d’œil avec
- sa jaquette "Grand prix du roman de l'académie française 2011,
- sa bibliographie : Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître (2008) et La Légende de nos pères (2009).
- Quatrième de couverture :
« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. »

Je n'ai pas lu « Mon Traître » avant de lire « Retour à Killybegs », ce sont les même personnages, mais le narrateur est différent. J'ai mis le lien d'une interview de Chalandon,on perçoit toute son émotion, car cette histoire est son histoire, l'homme dont il parle était son ami, il a simplement changé le nom.
Et c'est un coup de cœur pour moi !
Dans ce livre, Sorj Chalandon donne la parole à son « traître », à travers le personnage de Tyrone Meehan, il imagine sa version des faits, une explication plausible à cette trahison.
Nous suivons en alternance la voix de Tyrone depuis son enfance et son engagement comme jeune républicain et celle de Tyrone durant ses derniers jours, il a quatre-vingt un ans, sa trahison vient d'être dévoilée. Il est retourné à Killybegs en République Irlandaise dans la maison de son père, il sait que ses jours sont comptés.
L'histoire du jeune Tyrone Meeghan commence, avec la mort de son père Pat Meehan devenu alcoolique. Pat était un ancien de l'Armée Républicaine Irlandaise qui avait participé en 1921 à la guerre d'indépendance contre les Britanniques. En 1936, il voulait s'engager aux côté des Républicains Espagnols, contre Franco. Mais sa femme lui a fait entendre raison, sa famille (neuf enfants) a besoin de lui. Pourtant, « Pat Meehan est mort des cailloux plein les poches. C'est comme ça qu'on a su qu'il avait voulu en finir avec la vie. Il nous a laissés seuls en décembre 1940. » C'est alors la misère pour toute la famille. Quelques mois plus tard, son oncle Lawrence les accueille tous chez lui à Belfast, il faut donc quitter Killybegs et la République d'Irlande pour l'Ulster. Ils vont habiter au nord de Belfast dans un ghetto catholique cerné par des quartiers protestants. C'est là que Tyrone rencontre Tom Williams auprès duquel il s'engage dans la lutte.
En suivant les différents épisodes de la vie de Tyrone, le lecteur découvre les difficultés d'être catholique et irlandais en Irlande du Nord, la haine vis à vis de l'occupant britannique, le combat au sein de l'IRA, les conditions inhumaines des prisons...
Par omission, pour ne pas avoir avoué un grosse faute, Tyrone se trouve au centre d'un processus qui va l'entraîner à trahir malgré lui.


http://www.grasset.fr/automne_romanesque_2011/chalandon.html

http://www.dailymotion.com/video/xky1r2_sorj-chalandon-retour-a-killybegs_news

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