“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 26 décembre 2010

Les élus et autres nouvelles

Auteur : Alejo Carpentier (1904-1980)

Traduit de l'espagnol (Cuba) par René L. F. Durand

Editions Gallimard
Collection Folio

Madame David - Pierrette Germain sous son nom de productrice à Radio-France-, la professeur d'histoire de la musique de mes années de lycée, nous avait conseillé de lire "Concert baroque" d'Alejo Carpentier. Je m'étais alors enthousiasmée pour ce récit à l'écriture pleine de courbes, de digressions, de dissonances abruptes, de contrastes saisissants et inattendus. Cette lecture m'avait fait goûter avant l'heure à la magie et au ravissement vénitiens.
Les quatre nouvelles contenues dans ce petit bouquin m'ont elles aussi éblouie. Cet Alejo a une écriture jubilatoire, pleine de coins et de recoins, de détours carnavalesques. Ça danse, ça virevolte, ça trépigne, cogne, pulse. Rhaaa...
La nouvelle consacrée à l'esclave noir et à Chien m'a conduite, haletante, jusqu'à l'estocade finale. Pan !
Munie d'une distance et un humour délicieux, la troisième nouvelle fait un pas de deux avec l'un des mythes fondateurs. Je me suis régalée -oui, un régal, vraiment, à m'en lécher les babines pendant la lecture- de la dernière nouvelle ayant un putsch dans son viseur, étalant la bassesse et la vulgarité des hommes qui prennent le pouvoir par la force, la bêtise des hommes de main. Et comment Carpentier arrive-t-il à rendre évidente sa comparaison évidente de l'éternité avec Donald Duck ?
Quatre nouvelles incroyablement différentes, témoignant du talent insolent de leur auteur. Une petite merveille pour deux tout petits euros.

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