“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

mercredi 22 décembre 2010

Terre d'exil et autres nouvelles

Auteur : Cesare Pavese (1908-1950)

Traduit de l'italien par Pierre Laroche
Éditions Gallimard
Collection Folio

Voici un tout petit livre ne contenant que trois nouvelles. Cesare Pavese -dont je n'avais jamais rien lu auparavant. Qui a déjà lu quoi ?- donne l'image de quelqu'un qui ne croit aucunement dans la possibilité d'une relation épanouissante entre les hommes et les femmes. Même pas épanouissante, simplement positive. Même pas positive, simplement possible. A ne pas lire si l'on est dans un moment de doute quant à la possibilité de se comprendre, d'être dans une complicité et non dans une illusion de relation, si l'on broie du noir conjugal. Ces trois nouvelles n'arrivent en effet pas à offrir la moindre porte de sortie à leurs personnages souffrant de l'aveuglement, l'enfermement, l'isolement et la solitude.

Le talent de cet écrivain est puissant qui m'a fait souffrir les affres de ses histoires. J'aurais eu souvent besoin d'un peu d'air, d'espoir, de souffle. Besoin de repousser la grande violence entre elle et lui, besoin de pousser les murs, ouvrir les champs du possible. Quelle puissance a le verbe de nous faire vivre symboliquement l'insuffisance respiratoire et la crise d'asthme littéraire...
Voici donc un livre qui nous enjoint d'arracher nos œillères, de labourer tant et plus, labourer sans relâche le terreau humain, les relations entre ces deux êtres étonnants, si proches et si éloignés que sont la femme et l'homme.

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