“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

vendredi 31 décembre 2010

Don Quichotte

Auteur : Miguel de Cervantès (1547-1616)

Que d'heures de bonheur dans ces aventures et ces digressions délicieuses! Une seule génération, Don Quichotte et sa Dulcinée ne se marient pas et n'ont pas d'enfant, Sancho Pança ne couronne pas la reine de son île, mais chaque kilomètre parcouru dans la Manche et chaque rencontre est digne d'un roman. Et surtout, l'esprit qui anime ces pages en fait une des lectures les plus étonnantes qui soient malgré le passage des siècles et la renommée des moulins à vent. Si vous voulez rire aux éclats et être conduits irrésistiblement à parler comme un chevalier errant, je vous conseille tout particulièrement la traduction de Louis Viardot.

« Dans une bourgade de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait, il n'y a pas longtemps, un hidalgo, de ceux qui ont lance au râtelier, rondache antique, bidet maigre et lévrier de chasse. Un pot-au-feu, plus souvent de mouton que de bœuf, une vinaigrette presque tous les soirs, des abattis de bétail le samedi, le vendredi des lentilles, et le dimanche quelque pigeonneau outre l'ordinaire, consumaient les trois quarts de son revenu. Le reste se dépensait en un pourpoint de drap fin, des chausses de panne avec leurs pantoufles de même étoffe, pour les jours de fête, et un habit de la meilleure serge du pays, dont il se faisait honneur les jours de la semaine. […]


Un hommage à la gloutonnerie littéraire donc!






Or, il faut savoir que cet hidalgo, dans les moments où il restait oisif, c'est-à-dire à peu près toute l'année, s'adonnait à lire des livres de chevalerie, avec tant de goût et de plaisir qu'il en oublia presque entièrement l'exercice de la chasse et l'administration de son bien. Sa curiosité et son extravagance arrivèrent à ce point qu'il vendit plusieurs arpents de bonnes terres à blé pour acheter des livres de chevalerie à lire. Aussi en amassa-t-il dans sa maison autant qu'il put s'en procurer. »

Pour goûter encore mieux les charmes de ce chef d'oeuvre, je vous conseille également l'écoute et la lecture du livret de Don Quichotte de la Mancha par Jordi Savall et La Capella Reial de Catalunya, dans lequel vous pourrez entendre des passages de Don Quichotte lu par Jordi Savall et grâce auquel vous pourrez en savoir plus sur la place du Romance, des adages et autres dictons (qui fleurissent dans la bouche de notre ami Sancho) au temps de Cervantès.

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Miguel_de_Cervantes

http://agora.qc.ca/dossiers/Miguel_de_Cervantes

http://www.site-magister.com/prepas/quichotte.htm

1 commentaire:

  1. J'ai lu ces 2 romans l'année dernière... en y prenant un grand plaisir.
    J'avoue cependant ne pas comprendre quelle est sa place parmi les "romans fleuves". C'est une parodie, géniale, des romans de chevalerie. Une sorte de "Kaamelott" littéraire, où tous les personnages sont plus déjantés les uns que les autres.
    C'est magnifiquement bien écrit, et très drôle. Mais pas un roman fleuve : on ne suit ni l'histoire d'un homme du berceau au tombeau, ni une saga familiale. Simplement l'errance et la folie douce d'un homme trop romantique pour son époque. L'essentiel de l'aventure se concentre sur quelques mois.

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