“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

vendredi 31 décembre 2010

Anna Karénine


Auteur : Léon Tolstoï (1828-1910)

Romantique fleuve russe : Anna Karénine !
Entrer dans ce roman, c'est partir pour un véritable voyage, au cœur de "l'âme slave", cette terre sauvage et noble, exaltée, passionnée, s'offrant à la vie ou à la mort avec fougue et sans demi-mesure...Anna devient notre sœur, Vronsky notre frère, et Lévine un ami très cher dont on ne peut qu'aimer le coeur simple, alors que Mr Karénine éveille dégoût et pitié...

Un roman fleuve, n'est-ce pas celui qui accompagne une saison, que l'on ne peut finir d'un coup tant il est long mais que l'on retrouve avec plaisir et gourmandise au moindre petit moment de liberté, et dont la couverture se casse et les pages se cornent à force de transport dans divers sacs, retournages rapides sur divers bras de fauteuils et abandons ponctuels sur divers supports plus ou moins exposés aux accidents domestiques de toute nature...

Anna m'a accompagnée l'été dernier et les rares chaleurs bretonnes se trouvaient réchauffées des tempêtes moscovites...entre les pages, des grains de sable de la plage...et pour accompagner les longues veillées de l'ouest, à l'est de Mr Tolstoï les bals faisaient voler les robes et les cœurs, de lourds regards s'échangeaient sous les chapkas, les drames se nouaient, mais la lumière de la campagne russe permettait une pause dans ce torrent de sombre amour ....

Anna Karénine, une peinture fine et riche en nuances à lire ou relire avec délectation...

http://www.universalis.fr/encyclopedie/anna-karenine/

http://mabouquinerie.canalblog.com/archives/2011/09/19/21897709.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Tolsto%C3%AF

http://nath.lit.over-blog.fr/article-anna-karenine-leon-tolstoi-84627184.html

1 commentaire:

  1. Encore un livre lu en adolescence dans les programmes obligatoires et dont le souvenir s’était quasiment effacé sauf celui de l’adultère, de la déchéance sociale et du suicide sous le train. J’avais totalement zappé la formidable peinture de la Russie de la deuxième partie du 19ème, celle des aristocrates et propriétaires terriens, oisifs, parasites et inconscients des révolutions qui les entourent.
    Et finalement, à la relecture et à la redécouverte, j’ai en quelque sorte laissé de côté Anna et Vronski, trop romanesques pour les autres, magnifiques et balzaciens personnages : Karenine l’aigri, Oblonski le viveur sympathique, Kitty l’âme pure et bien sur Levine, le grand cœur tourmenté. Car c’est lui le personnage principal, le double de l’auteur qui se met en scène avec ses propres doutes, sa quête du sens de la vie, sa nostalgie du bon paysan et de la nature bienfaisante et ses tentations suicidaires.
    J’ai fait cette relecture dans l’édition de 1999 de Folio. Y figurent à la fin 10 pages de commentaires très fins sur l’œuvre. Ils mettent en parallèle le personnage de Levine et la vie de Tolstoï, grand propriétaire terrien lui-même. Je cite : « Anna Karenine se situe au cœur du drame de la vie de Tolstoï, au moment le plus aigu de la lutte intérieure entre l’artiste et le moraliste, le poète et le prophète, entre l’homme de la terre profitant de la vie et l’ascète…Le parallèle entre la liaison condamnable d’Anna et de Vronski, au milieu d’une société corrompue, et la vie familiale exemplaire de Kitty et de Levine à la campagne parle de lui-même »
    Enfin, signe du destin, âgé de 82 ans, Tolstoï quittera un jour son domaine pour une destination inconnue, sans rien dire à personne. Il sera retrouvé mort de maladie, un mois plus tard, dans une petite station de chemin de fer, au fin fonds de la Russie.

    RépondreSupprimer