“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

Ange

Auteur : Harold Brodkey (1930-1996)

Traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Michel Lederer
Editions Grasset

Je garde un souvenir inoubliable de ce livre assez difficile à lire mais absolument passionnant. Harold Brodkey a été un enfant malheureux, hyper sensible, écorché vif et quasi autiste. Sa mémoire a tout enregistré, seconde par seconde, microseconde par microseconde. Enfermé dans sa vie, son corps, son cerveau et sa sensibilité hors du commun, cet enfant a dû attendre la délivrance de l'écriture pour rentrer en contact avec ses semblables. Au prix d'un intense effort de communication, d'adaptation au monde, il nous fait le cadeau de sa perception du temps. Etirée à l'infini, chaque seconde est un gouffre sans fond. Chaque battement de cil, chaque regard, un univers. Tout étant ressenti avec une intensité sans égal, les faiblesses humaines, les défaillances sont autant de blessures purulantes. La nouvelle sur l'expérience de l'ange m'a captivée par son contenu et la lenteur de sa progression. J'ai lu ce recueil il y a maintenant plus de deux ans et j'ai des passages entiers dans ma mémoire. Quelle expérience unique !


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