“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

La Colère des aubergines

Auteur : Bulbul Sharma

Traduction de l'anglais (Inde) par Dominique Vitalyos
Editions Picquier


Un délice pour les sens et la tête. Je suis ravie que ce recueil fasse partie de la liste des Incontournables. Quel humour ! Mais l'humour fait passer avec légèreté des idées d'une grande profondeur et d'une extrême gravité. C'est le titre qui m'a fait choisir un jour ce livre dans notre librairie préférée, j'ai nommé Gwalarn. Et c'est à partir de ce livre délectable que j'ai imaginé des retrouvailles autour des nouvelles.

Isabelle

4 commentaires:

  1. Un livre de nouvelles/cuisine, quelle délicieuse idée! Nous en avons fait un livre de cuisine à part entière en le lisant exclusivement pendant la préparation des repas. Parler de nourriture à table, lire de histoires de recettes en cuisinant, hummm... Nous rions et sourions beaucoup malgré la dimension tragique de certains passages. Je pense ici notamment à la chute des Affres sans fin de la faim. Cette légèreté de ton qui inspire la plus grande tendresse à l'égard des personnages me rappelle ce qui fait de Jorn Riel le meilleur compagnon qui soit en toutes circonstances.

    Soline

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  2. De Christophe le 08/04/08

    On dirait que j'arrive à mettre des commentaires. Mon truc, pour les curieux, c'est désactiver toutes mes protections. Ce devait-être contre le virus de la lecture que l'ordinateur était vacciné. Bon, alors, le livre maintenant. Je me réjouis toujours lorsqu'une société, que l'on pourrait idéaliser un peu rapidement (ah! Ces femmes en sari qui sourient tout le temps, la non-violence légendaire des indiens...), est présentée sous son vrai jour, turpitudes comprises. A la fois sa richesse, en particulier culinaire, et ces domestiques, à demi nourris, exploités. Le respect de la tradition, honorable en soit, va de pair avec des rigidités contestables, quand il s'agit de castes ou de misogynie. Ne leur jetons pas la pierre, biensûr, ces personnages, généreux mais prisonniers de leurs moeurs, nous ressemblent bigrement. D'ailleurs, de tous les personnages croisés dans cette avalanche de nouvelles, je les trouve les plus familiers, les moins fabriqués. Peut-être est-ce à cause de la présence des recettes, qui donnent, comme on dirait au cinéma, de la profondeur de champ aux histoires, une sorte de 3D si on veux bien Vous voulez-bien? PS: je rapproche volontier l'histoire de la parente-infirlmière à Félicité, dans "un coeur simple" de Flaubert: quelqu'un qui rayonne d'humanité, dans la place minime que la société lui a concédé.

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  3. Plus beaucoup de temps pour les commentaires. Argh cette fâcheuse habitude de toujours faire les choses à la va-vite au dernier moment. Il faut pourtant bien que je prenne le temps d'ajouter quelques unes des comparaisons délectables de ce recueil à mon répertoire, ces images qui nous retiennent chaque fois au bord de l'abîme de la compassion par cette pointe de délicate méchanceté qui rétablit l'équilibre. Et puis, c'est aussi l'occasion d'enrichir nos conceptions du mariage et de rendre hommage à toutes ces belles-mères si parfaites dans leur rôle de second couteau.

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  4. Lors de la rencontre littéraire de fin octobre 2010, la discussion autour de ce livre avait duré 1h05. Autant que "Lâchons les chiens" de Brady Udall, ce qui est une référence. La question de la noutrriture a été ressentie comme étant centrale, qui touche à l'équilibre, le rapport entre l'intérieur et l'extérieur, le rapport entre les personnes, la manière de partager, le pouvoir des cuisiniers sur les mangeurs.

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