“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

Nouvelles africaines, tome 2 : L'hiver en juillet

Auteur : Doris Lessing (1919, Perse-)

Traduction de l'anglais par Marianne Véron
Edition : Le Livre de poche

J'ai beaucoup beaucoup aimé ces nouvelles qui m'ont donné l'impression d'une profonde honnêteté, d'un très grand respect des humains, d'une immense connaissance du continent africain. L'auteur prend le temps d'installer et développer les histoires. Elle donne à voir la complexité des situations, l'impossibilité de résoudre les problèmes posés avec des idées toutes faites. Nul manichéisme, nulle démonstration. Et quelle magnifique écriture ! Solidité et élégance. Doris Lessing fait appel à l'intelligence et à la sensibilité.
La traductrice doit également être mentionnée et applaudie. Cela fait des mois que j'ai lu ce livre et j'en garde des souvenirs très précis, de la gratitude et l'impression d'être moi-même allée en Afrique.
Doris Lessing a reçu le prix Nobel de Littérature en 2007, comme Jean-Marie Le Clézio l'année d'après, je crois. Pensez-vous que le jury du Nobel a consulté notre liste ?

2 commentaires:

  1. Voilà une littérature qui sent bien son prix Nobel. Oh, rien de péjoratif dans cette remarque, bien au contraire. Cela signifie pour moi, non pas que l?humanité y est plus sensible ici qu?ailleurs (par exemple chez Jorn Riel), mais qu?elle y pèse « plus lourd », que la lecture nous laisse un poids d?émotions, de réflexions plus important. Presque une sensation douloureuse, d?avoir contemplé cette humanité si rude, si rétive au simple bonheur. A quoi cela tient-il ? Tagore, Elytis me font le même effet. Sont ils plus vrais que les autres, plus réalistes, plus intransigeants, moins drôles ? Non, certes non. Aidez-moi à comprendre cela !

    RépondreSupprimer
  2. Quatre nouvelles dans ce recueil, une police de petits caractères et 349 pages : pour moi l'impression de petits romans. L'auteur dénonce un état d'esprit commun aux colons qu'elle met en scènes dans des situations renouvelées, même si les deux dernières nouvelles évoquent plus spécialement le milieu des chercheurs d'or. Elle attribue en partie au climat et à la géographie la transformation des esprits des récents immigrants, tout en accusant la pression sociale de ceux qui les ont précédés et qui ne sont pas près de renoncer à leurs privilèges. Elle observe avec justesse que le racisme fonctionne dans tous les sens : blancs- noirs-métis, riches-pauvres, cultivés-ignorants. Mais il ne s'agit jamais de thèse, nous sommes embarqués dans des histoires personnelles attachantes, voire bouleversantes ou révoltantes au gré de situations qui sonnent vrai. J'ai beaucoup aimé ce receuil.

    RépondreSupprimer