“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

La guerre est déclarée et autres nouvelles

Auteur : Annie Saumont (1927-)

Edition : Flammarion

Quel regret d'avoir mis ce chef-d'oeuvre dans la liste 3 ! Quelle frustration ! Je voudrais tant que vous lisiez cette perle. Je crois n'avoir jamais lu une écriture aussi construite, aussi millimétrée, aussi concise, aussi chirurgicale, aussi dense et forte. Il m'a fallu lire et relire pour arriver à pénétrer l'intelligence de cette écriture et ne pas être laissée de côté après avoir zappé une phrase. Cette écriture ne supporte en effet aucune seconde d'inattention. Mais j'ai également lu et relu pour profiter et profiter encore du plaisir immense de cet art littéraire immense.

Je me suis sentie plus vivante à la fin de chacune des nouvelles, vivante et grave. Et souvent terriblement émue. De grâce, mettez cette oeuvre dans votre liste prioritaire !

Isabelle

PS : Je profite de l'occasion pour recopier ces mots d'un universitaire à propos de la définition d'un nouvelliste :
  • […] ici la brièveté, la concision et l’esprit qu’il met à présenter un scénario en vue de sa pointe finale. L’art du novelliste au contraire fait la part belle à l’écrivain puisque ce qui importe est désormais moins l’histoire que la manière de la raconter.  (Alain Montandon, L’Anecdote, page 221, 1991, Presses Univ. Blaise Pascal)

http://aperto.libro.over-blog.com/article-annie-saumont-la-guerre-est-declaree-et-autres-nouvelles-63670921.html

http://www.babelio.com/auteur/Annie-Saumont/3950

http://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Saumont

1 commentaire:

  1. D’abord, une critique formelle, inutile par essence mais, bon, tout le monde à droit à sa minute « je sais tout ». On sent qu’Annie Saumont, de part son activité de traductrice, est habituée à tester des solutions de style pour rendre justice à différent auteurs. Du coup, certaines de ses expériences font mouche, d’autres sont plus factices? Sur la forme, bien sûr, parce que sur le fond, c’est autre chose. Le recueil m’a saisi dans ma stupéfaction perpétuelle par rapport à l’état de guerre. Je me prends souvent à penser (bêtement), que quand j’aurai quarante ans, âge où mon arrière grand-père fut jadis mobilisé pour la Première, je serai bientôt dispensé de faire la guerre, et qu’alors, j’aurai eu de la chance. La casuistique personnelle, quand tout est déréglé, devient insurmontable : que dois-je faire maintenant ? Suis-je coupable de ma dénonciation involontaire ? Quel parti prendre pour répondre à la violence, à l’arbitraire, la violence et l’arbitraire ? Il se trouve que dans l’édition dans laquelle je lis l’auteur, se trouve le poême d’Aragon au sujet de « l’affiche rouge » : je pleure chaque fois que je le lis, c’est impossible pour moi de faire autrement. « Toi qui va demeurer dans la beauté des choses ». Ce toi, c’est nous en quelque sorte, qui vivons dans la relative beauté d’un pays où les fusils ne fleurissent plus, et où l’on ne meurt pas avant le temps. Annie Saumont me parle de la Deuxième sur un plan historique semblable au mien, des questions d’aujourd’hui sur une histoire d’avant-hier.

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