“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

Toba Tek Singh et autres nouvelles


Auteur : Saadat Hasan Manto

Traduction de l'ourdou par Alain Désoulières
Editions Buchet Chastel

Si j'en crois le commentaire que Michel a laissé à propos du livre d'Annie Proulx, Les pieds dans la boue, la lecture de Toba Tek Singh n'est pas recommandée le dimanche soir, au moment où un bourdon tenace s'installe à l'idée de reprendre la semaine, ni en période de météorologie obstinément maussade. J'ai donc attendu d'être hors de portée des nuages costarmoricains pour fourrer le nez dans ce volume consacré à l'Inde. Quelle liberté de ton, quelle audace ! Je comprends que Manto fût inquiété par la censure. Beaucoup de nouvelles traitent des relations entre hommes et femmes. La plume de Manto fait mouche sans coup férir et chacun est passé au rayon laser. L'auteur consacre encore plus d'énergie au drame de la partition entre l'Inde et le Pakistan en 1947. L'écrivain est en première ligne pour nous témoigner comment les vies sont broyées et comment l'homme massacre l'homme.

La nouvelle a cela de remarquable qu'on peut y supporter des récits qui seraient insupportables si l'on avait le temps de s'attacher aux personnages.

Grâce à ce livre, j'ai découvert un pays, un morceau d'histoire de ce pays à travers des destins personnels puissants ou banals. J'ai été très touchée par le style de Manto, sa lucidité, son courage devant l'horreur et le désespoir. Je me suis attachée à cet auteur, si bien que, comme pour Laurie l'Américaine des nouvelles policières et l'Italien Mario Rigoni Stern dans son merveilleux livre Sentiers sous la neige, parvenir à la dernière page m'a causé une petite peine.
Merci, l'Ensemble vocal !

Isabelle

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