“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

La garden-party et autres nouvelles

Auteur : Katherine Mansfield

Traduction de l'anglais par Françoise Pellan
Editions Folio classique



Parce qu'il s'agit d'un livre plein de douceur, fragilité, compassion, de peur aussi, peur de la fugacité, de la maladie, de la mort, je ne sais comment commencer ce commentaire sans être un éléphant dans un magasin de porcelaine. La plupart de ces nouvelles m'ont très profondément touchée, certaines durablement bouleversée. Katherine Mansfield a une façon tout à fait particulière de s'approcher de ses personnages, de dévoiler leur intimité, leur humanité, leurs faiblesses. Il me semble que je ne pourrai jamais oublier la lecture de La Baie, Les Filles de feu le colonel, Monsieur et madame Colombe, Mariage à la mode, Son premier bal, oublier leurs détails, leurs couleurs qui transpercent. Frémissements, élans réprimés, renoncements, rêves enfouis, désirs étouffés ; chacune de ces impasses nous questionne sans ménagement, chacune inonde de sa lampe-torche nos visages mis à nu et nos coeurs qui saignent sans bruit.

Isabelle

4 commentaires:

  1. Je l'ai lu, Le style est parfois artificiel, et Kate Mansfield le reconnaissait elle-même. Mais il y a du génie à ramasser les personnages, les situations en quelques mots, à appuyer tout à coup sur la détente pour faire jaillir l'émotion de l'ordinaire.

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  2. De Christophe le 10/04/08

    Après plusieurs mois, les lieux et les personnages de Kate MANSFIELD me sont restés: la baie, les vieilles filles, la Garden-Party, etc... Je veux donc rendre justice à cet auteur, car, si le style est peut-être trop affecté, le coeur y est pour de bon, et l'émotion se grave dans le votre.

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  3. De Nicole le 15/10/08

    Beaucoup de plaisir à la lecture de ces nouvelles. Katherine Mansfield observe et peint ce qu'elle voit, non sans une pointe d'humour, et souvent avec un esprit critique acéré. Ses personnages sont attachants, le plus souvent sensibles et bouleversés par ce qu'ils vivent. Je trouve que ses tableaux s'assombrissent de nouvelle en nouvelle, peut-être reflètent -ils son cheminement personnel...

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  4. Croyez-moi ou non, le grand plaisir que j'ai trouvé à lire ce recueil me renvoient à la fois à Bulbul Sharma et à Sôseki. La première pour son art de donner chair à des rôles et la priorité du point de vue féminin (pas si courant) et le second pour son talent à faire un sujet du dérisoire, du banal, des situations dans lesquelles on a le coeur serré. De manière plus évidente, la parenté avec sa contemporaine Virginia Wolf*: on sent dans ces pages un désespoir transmuté en génie. La vivacité de l'écriture permet d'évoquer le plus grave sans que le lecteur soit entrainé vers le fond.


    Aucune de ces courtes nouvelles ne m'a laissée indifférente, mais ce qui me revient à l'esprit à livre fermé, c'est l'intuition de son propre enfermement qui n'aboutit sur rien telle une fenêtre refermée avant même d'avoir été ouverte, notamment à la fin de Les filles de feu le colonel et de Mariage à la Mode. J'ai également adoré Monsieur et Madame Colombe, une nouvelle toute en tension dont la fin laisse songeur.


    A la veille de mon départ pour les antipodes, j'ai été touchée par ces vies à cheval entre deux hémisphères (Londres/La Nouvelle-Zélande).


    *La relation entre Katherine et Virginia fut apparemment un mélange d'amitié, de rivalité et d'admiration mutuelle

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