“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

Sentiers sous la neige


Auteur : Mario Rigoni Stern (1921-2008)

Traduction de l'italien par Monique Baccelli
Editions 10/18
Collection Domaine étranger



C'est Alain qui m'a conseillé cet auteur. Ah, cet Alain…, j'ai pleuré à la fin de quasiment toutes les nouvelles du recueil. Pleuré d'une émotion particulière, profonde, grave et recueillie. Exceptée la première, chaque nouvelle est une variation sur le paradis terrestre de l'homme qu'est la nature, ou plutôt sur la relation harmonieuse de l'auteur avec la nature, cette nature et ce pays lui procurant la félicité. Mario Rigoni Stern ne parle que très peu de lui. Il écrit sur la nature qui l'entoure et sa manière si personnelle de raconter m'a fait éprouver une nostalgie très profonde. Comme si je me rappelais que j'avais, il y a longtemps, moi aussi vécu en harmonie avec les arbres et les animaux. À part dans les nouvelles 2 & 3 qui m'ont semblé plus anodines, j'ai eu constamment l'impression d'être à côté de l'auteur, dans son intimité, ses découvertes, ses pérégrinations, dans la chaleur de son humanité. Qu'il parle des noms des différents états de la neige, du petit oiseau recueilli, nourri et caressé, des deux chiens errants, il porte le regard d'un homme sage, humble, en accord avec lui-même et les autres. La paix qui se dégage de cet homme est si bienfaisante ! Elle rayonne par-delà les kilomètres, le temps et l'absence.

Le 3e personnage du livre -et le pendant de la paix- est la guerre. Après la félicité de la nature, la guerre se présente comme le visage hideux de l'enfer. La première nouvelle est un monument d'héroïsme sans tambour ni trompette, de miracle d'une détermination sans faille. Elle m'a laissée bouleversée et pantelante.

J'ai évidemment maintenant envie d'aller découvrir les Dolomites, Asiago et ses environs. Mais la qualité de présence, la conscience et l'éveil qui irradient cette écriture ne sont pas le seul fait d'un lieu mais plutôt celui d'un homme de l'ancien monde, un homme véritablement hors du commun.

Isabelle

http://www.telerama.fr/livre/mario-rigoni-stern-le-soldat-qui-lisait-dante,30532.php

http://www.editions-verdier.fr/v3/auteur-rigonistern.html

http://www.initiales.org/visuels/pdf/rigoni.pdf

http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20080618.BIB1539/mario-rigoni-stern-un-grand-d-italie.html

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