“A quoi sert d’être cultivé ? A habiter des époques révolues et des villes où l’on n’a jamais mis les pieds. A vivre les tragédies qui vous ont épargné, mais aussi les bonheurs auxquels vous n’avez pas eu droit. A parcourir tout le clavier des émotions humaines, à vous éprendre et vous déprendre. A vous procurer la baguette magique de l’ubiquité. Plus que tout, à vous consoler de n’avoir qu’une vie à vivre. Avec, peut-être, cette chance supplémentaire de devenir un peu moins bête, et en tout cas un peu moins sommaire.”

Mona Ozouf, historienne, auteur de La Cause des livres (Gallimard)


Existant grâce à une idée de Nicolas I, à l'aide avisée de David, Michel et Nicolas II (merci à ces quatre mousquetaires !), ce blog permet de proposer et partager des lectures. Après une rage monomaniaque autour de la nouvelle, le blog tente une percée en direction du roman-fleuve. Ce genre fera l'objet d'une rencontre amico-littéraire à une date non encore précisée. D'ici là, d'ici cette promesse d'ouverture, écoute et échanges, proposons des titres, commentons les livres déjà présentés, dénichons des perles, enrichissons la liste conséquente des recueils de nouvelles.


Chers amis, chers lecteurs gourmands, je loue et vous remercie de votre appétit jubilatoire sans quoi cette petite entreprise serait vaine.

Bonne lecture à tous et à bientôt pour de nouvelles aventures !
Isabelle

dimanche 5 septembre 2010

La trempe

Auteur : Magyd Cherfi

Editions Actes Sud

Impossible de ne pas encourager la lecture de ce bel objet à la couverture jaune que traverse de gauche à droite Magyd Cherfi en jean fatigué, baskets et blouson noir. Démarche déterminée mais expression à la fois méfiante, agressive et désabusée.

Le jaune est un authentique jaune cocu rappelant que France a confisqué l'horizon de ses ressortissants d'origine arabe. Le manque de reconnaissance et de respect fait des ravages, emprisonne, étend la pauvreté.

Sur ce jaune grimace un mot rouge saignant, la trempe. La trempe est une gifle donnée sur la joue avec la main ouverte, une gifle très violente, inoubliable d'humiliation.

Les récits, avec leur écriture saccadée, énergique, violente et âpre, m'ont fait ressentir physiquement les entraves quotidiennes de la pauvreté, de la ghettoïsation, du manque de respect et de considération. Ce livre m'a fait étouffer en me mettant sous le nez la situation de certains de nos concitoyens.

Bravo à Magyd Cherfi d'avoir su briser ses chaînes personnelles et donner cette œuvre si forte et si expressive. Qu'elle permette de rapprocher les frères, de porter sur chacun un regard respectueux et digne.

Merci Alain et Odile, car je suis sûre que je n'aurais acheté ce livre tant la couverture résume la difficulté de s'extirper du piège, tant il faut se débattre pour survivre dans la France de "l'identité nationale".

Isabelle

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